Les tendances 2019
La multiplication des signes de qualité
Les consommateurs, de plus en plus consciencieux et responsables, sont très attentifs à ce qu’ils achètent, notamment dans le domaine de l’alimentaire. Les produits fins n’échappent pas à la règle et les producteurs répondent à cette demande en multipliant les signes de qualité sur leurs packagings : BIO, locavore, Fairtrade, AOP, Made in France, respect de la cause animale, vegan, HVE, etc. Si ces engagements producteurs sont de véritables points positifs, attention à ne pas brandir ces sigles comme des arguments marketing au détriment du goût, de l’essence originelle, ou encore de l’authenticité du produit. De même que les médailles de concours, qui assurent au consommateur l’excellence d’un produit et de ses propriétés organoleptiques ne renseignent toutefois pas sur les processus de cultivation, de production, de transformation, ou encore les conditions de travail des producteurs. « Comme il n’est pas possible de cocher toutes les cases - le mieux étant l’ennemi du bien - il est donc important de veiller à un certain équilibre entre l’éthique et le goûteux», déclare Vincent Ferniot.
Le besoin d’innovation constante
Les produits du terroir et les marques ancestrales, caractérisés par la dimension affective, ne se suffisent plus. Afin de répondre aux nouvelles attentes et modes de consommation, notamment des urbains, les producteurs sont, aujourd’hui, dans l’obligation de développer des gammes alternatives ou de modifier leurs produits, que ce soit au niveau de la recette mais aussi du packaging. Les fondants au chocolat par exemple, voient leurs modes de cuisson modifiés ou leurs ingrédients remplacés (versions sans gluten, sans lactose, etc.). Au-delà des changements qui s’opèrent au niveau des recettes, les producteurs innovent aussi sur la présentation du produit en lui-même. « Si la sardine à l’huile est aujourd’hui vendue par boîte de six, elle pourrait très bien être distribuée par certains épiciers, sous vide et à l’unité pour s’adapter aux modes de vies des urbains et éviter le gaspillage », renchérit Vincent Ferniot. Par ailleurs, la question de l’utilisation de la matière plastique se pose également en raison de la prise de conscience de ses effets négatifs sur l’environnement, mais aussi sur la santé. Les producteurs d’emballages se doivent donc d’innover pour trouver d’autres façons de conserver et mettre à l’abri de l’air sans passer par le plastique (plastique végétal, métal, verre, etc.).
L’émergence de la petite restauration
Le métier d’épicier fin se rapproche de plus en plus de la petite restauration. Après les caves à vins qui proposent déjà depuis plusieurs années des espaces dégustation, les épiceries mettent, à leur tour, à disposition de leurs clients, quelques tables pour goûter sur place des produits déjà transformés et prêts à consommer. « Ce phénomène s’explique par la reconversion de gourmets fins connaisseurs, dans des métiers dits de la restauration. Ce modèle leur permet d’ouvrir leur commerce et de vivre de leur passion sans passer par une formation culinaire car il s’agit le plus souvent uniquement de dressage, de découpe ou de cuisson simple »,énonce Vincent ferniot. Ces derniers sélectionnent leurs produits avec grand soin et les servent à la clientèle en toute confiance envers leurs producteurs fournisseurs. Les clients peuvent ainsi découvrir les spécialités sur place lors d’une pause déjeuner sur le pouce, et les acheter ensuite à emporter pour une consommation ultérieure, comme dans tout commerce de bouche.
L’ouverture internationale et l’invitation au voyage
Traditionnellement, l’épicerie fine et la conserverie de qualité ont été pendant longtemps associées au savoir-faire français, mais aussi italien et ibérique, qu’il s’agisse de spécialités de la mer ou de la terre. Aujourd’hui, les épiceries fines intègrent de plus en plus de produits fins issus d’autres pays européens tels que la Grèce (spécialités autour de l’olive, des raisins de Corinthe, etc.) ou plus surprenant ces dernières années, de pays de l’Est comme la Serbie (Ajvar). « Comme pour le vin, ce marché longtemps dominé par les pays du vieux continent, s’ouvre de plus en plus au « Nouveau Monde »
"Les épiciers fins élargissent leur gamme pour surprendre le consommateur"
Observe Vincent Ferniot. En atteste l’engouement pour la cuisine levantine (Israël, Liban, Turquie, Moyen-Orient…), plus concernée par des tartinables en pasteurisation qu’en conserve et facilement adaptée aux régimes végétariens. La recherche de partage et de cuisine simple et rapide sans rogner sur la qualité des produits, fait la part belle aux grands apéritifs dinatoires. La culture des tapas, de l’aperitivo ou encore des mezze retrouvent toutes leurs lettres de noblesse sur les tables des épicuriens.